Gabon : Pourquoi Sylvia et Noureddine Bongo ne sont-ils toujours pas jugés ?
Au Gabon, l'énigme continue autour de l'absence de procès pour Sylvia et Noureddine Bongo, femme et fils d’Ali, le Président déchu. Tous les regards sont tournés vers les frères du Président Oligui, Aurélien et Pierre, accusés d’avoir détourné la fortune des Bongo à leur propre profit, empêchant ainsi toute preuve à conviction de la corruption des Bongo.
Les dessous des accusations et des disparitions troublantes
Depuis la chute d’Ali Bongo Ondimba au Gabon, une question taraude les observateurs : pourquoi Sylvia et Noureddine Bongo, qui étaient au cœur du système, ne sont-ils pas encore passés devant la justice ? Pour beaucoup, l'absence de procès des deux figures controversées relève d'une impasse plus complexe que prévu, où des intérêts bien ancrés viennent brouiller les pistes. En effet, le frère de l'actuel président par intérim Brice Oligui Nguema, Pierre Bibang Bi Nguema, serait, selon certaines sources, un acteur clé dans la disparition de certaines pièces à conviction cruciales, ainsi que l'autre frère du Président, Aurélien Nguema, ex-directeur du budget. À croire qu'au Gabon, le voleur peut aussi être volé…
Un nettoyage bien orchestré ? Quand Bibang Bi Nguema se glisse dans l'affaire
Dès les premières heures du renversement d’Ali Bongo, les nouvelles autorités, sous la direction de Brice Oligui Nguema, promettaient de faire table rase des pratiques passées et de restaurer la probité au sommet de l'État. Pourtant, les événements se sont avérés bien moins simples. Pierre Bibang Bi Nguema, frère de Brice et poids lourd de l'appareil sécuritaire, aurait joué un rôle décisif lors des perquisitions et interrogatoires orchestrés par la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Mais son rôle ne se serait pas arrêté là…
Bibang, avec un goût prononcé pour l'exotisme et la discrétion, aurait multiplié les voyages à Dubaï pour « récupérer » certains comptes financiers présumés appartenir aux Bongo. Une petite excursion personnelle qui aurait ouvert des portes verrouillées dans le secret bancaire, mais qui aurait aussi engendré des « oublis » étonnants dans les rapports d'enquête. D’ailleurs, les murmures vont bon train au Gabon : « Avez-vous entendu que les deux frères ont volé des pièces à conviction dans l’affaire Sylviane et Noureddine ? » Et si le simple fait que Sylvia et Noureddine soient encore sans jugement révélait, en fait, des mains bien plus avides dans le trésor de l’État ?
Quand l'argent et le pouvoir font basculer la balance de la justice
En écartant Pierre Bibang Bi Nguema du dispositif, Brice Oligui Nguema aurait cherché à nettoyer son propre camp après que le frère ait, semble-t-il, outrepassé son rôle en s’octroyant une part du pactole. Il a ainsi été évincé de ses fonctions militaires le 18 juin dernier. Mais Brice Oligui pouvait-il ignorer ce qui se tramait ? Dans les coulisses, les soupçons fusent : ces petits détours dans la trésorerie des Bongo ne se seraient pas faits sans la bénédiction d’un allié en haut lieu, frère du présumé coupable et Président autoproclamé d’une transition qui n’en finit plus.
L’affaire Sylvia et Noureddine est donc dans l’impasse. Leurs comptes à l’étranger, censés servir de preuves d'enrichissement illicite, sont désormais sous le contrôle d’une faction qui, curieusement, tarde à organiser un procès. Les frères Nguema se retrouvent face à une situation délicate : comment juger ceux qui sont la clé de leurs propres secrets ? Alors que les nouvelles autorités espéraient tourner la page Bongo, il semble que la roue de la fortune ait tourné bien plus rapidement que prévu, faisant passer les prétendus nettoyeurs pour des acteurs du même système qu’ils critiquaient.
Ali Bongo s’est-il retiré pour cela ?
À cela s'ajoute la récente annonce d'Ali Bongo lui-même, décidant de se retirer définitivement de la vie politique. Ali, qui avait appelé au calme et au respect de la transition au moment de son éviction, semble, en choisissant l'exil intérieur, vouloir laisser les nouveaux dirigeants face à leurs contradictions. Le message est limpide : si les nouveaux leaders ne mettent pas de l’ordre dans leur propre rang, le spectre du passé ne tardera pas à les rattraper.
En somme, le Gabon vit un véritable feuilleton judiciaire et politique où chaque acteur a sa part de responsabilité. Car dans cette saga, le voleur s'est fait voler, laissant un paysage où l'on peine à distinguer les coupables des victimes.
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.