Hezbollah : le trône vacille, mais qui aura la couronne après Nasrallah ?
Alors que l'ombre de Hassan Nasrallah planait sur la scène politique libanaise pendant plus de trois décennies, son départ semble inévitable. Mais qui pour remplir les bottes de l'homme aux discours enflammés et à l’aura redoutée ?
Le Hezbollah, cette machine paramilitaire à la discipline stricte, se prépare à une transition compliquée. Bien que le Liban ne soit pas un terrain étranger aux luttes de pouvoir, la succession à la tête de l'organisation chiite sera épineuse. Le successeur devra jongler entre idéologie, pragmatisme et un contexte géopolitique hyper-fragile. Zoom sur les prétendants et les enjeux d’une succession sous tension.
Les deux visages du Hezbollah : entre Hachem Safieddine et Naïm Qassem
Hassan Nasrallah n’a jamais caché ses préférences. Depuis des années, Hachem Safieddine, son cousin et chef du Conseil exécutif, s’est imposé dans les coulisses. Charismatique, il a patiemment tissé sa toile, tout en restant fidèle à la ligne dure. Safieddine est bien plus qu’un simple lieutenant : il est un technocrate redoutable, un maître de l’ombre capable de maintenir l’ordre au sein du mouvement et de dialoguer avec l’Iran, principal soutien du Hezbollah. Mais l’Iran est-il prêt à le pousser sur le devant de la scène ?
Naïm Qassem, le numéro deux officiel du Hezbollah, pourrait incarner une option plus "temporaire". Moins charismatique que son possible rival, Qassem est un fidèle serviteur du parti depuis des décennies. Le problème ? Sa présence rassurante pourrait être vue comme une continuité nécessaire à court terme, mais insuffisante pour maintenir l’aura de leadership sur le long terme. L'homme n’a jamais réellement été perçu comme un successeur naturel. Il pourrait servir de transition tout en permettant au Hezbollah de peaufiner son choix.
Succession en coulisses : enjeux d’une transition explosive
Le départ de Nasrallah ouvre une période d'incertitude majeure. Le Hezbollah ne peut se permettre un vide au sommet, surtout dans un Liban secoué par les crises économiques, sociales et politiques. L’organisation reste un pilier indétrônable dans le sud du pays, mais sa légitimité, longtemps indiscutable, pourrait être mise à l’épreuve.
Le Liban, déjà un champ de bataille d’influences extérieures, observe de près cette transition. Israël, principal adversaire du Hezbollah, voit dans ce changement de leader une fenêtre stratégique. De même, les puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis, surveillent attentivement les manœuvres, craignant que le Hezbollah ne se radicalise encore davantage sous une nouvelle direction.
L'Iran, quant à lui, se prépare à ajuster ses alliances. Safieddine est le candidat de Téhéran, mais l'avenir du Hezbollah ne repose pas uniquement sur des soutiens extérieurs. La base populaire et militaire du groupe, ainsi que les ramifications politiques au Liban, sont autant de pièces dans un puzzle extrêmement complexe.
Ce que cette transition signifie pour le Liban et la région
Qu’on aime ou qu’on déteste Hassan Nasrallah, il est indéniable que sa personnalité a façonné une bonne partie de l’histoire récente du Liban. Remplacer un tel homme est un exercice risqué. Son successeur devra réinventer le Hezbollah tout en préservant son unité face aux divisions internes, mais surtout face à un Liban en ruine. L’équilibre entre résistance militaire et influence politique, entre pragmatisme et idéologie, sera déterminant pour l’avenir du Hezbollah.
La question reste ouverte : le Hezbollah parviendra-t-il à rester la même organisation tentaculaire avec un nouveau visage ? Ou bien l’aura de Nasrallah emportera-t-elle avec lui la grandeur du mouvement ? Le jeu d’échecs a déjà commencé. Et ce n’est pas un match à huis clos, mais bien une bataille dont l’issue pourrait redessiner la carte politique de tout le Proche-Orient.
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