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Article: Monsieur 25 % : Quand Kabila fait de l'Etat un compte courant privé

QUAND KABILA FAIT DE L’ÉTAT UN COMPTE COURANT PRIVÉ
corruption

Monsieur 25 % : Quand Kabila fait de l'Etat un compte courant privé

Ils nous ont vendus pour 25 %. Pas 50, pas 100. Juste 25 %, comme une taxe d’occupation. Comme une rente de post-présidence. Un chiffre, devenu surnom. Un surnom, devenu méthode : Joseph Kabila, ancien président de la RDC, désormais homme d’affaires occulte, encaissant en coulisses le quart de la richesse nationale via des prête-noms, des montages financiers et des sociétés-écrans.

Et quand la vérité éclate, ce n’est pas à travers un procès ou une enquête judiciaire. C’est dans une vidéo clandestine, où une certaine Fortunata “Tina” Ciaparrone, citoyenne italienne, se met à table. Le tour révélé par Mediapart.

TINA : Parolle, parolle, parolle 

Tina Ciaparrone n’a rien d’une fiction. Elle est bien réelle. Italienne, 60 ans, installée depuis longtemps à Kinshasa, elle dirige plusieurs entreprises dans les secteurs pétrolier, minier, et des infrastructures. Et surtout, elle parle.

Dans des vidéos divulguées, elle détaille le rôle de prête-nom qu’elle assume pour Joseph Kabila. Elle déclare officiellement posséder 100 % de plusieurs sociétés, mais en vérité, elle l’affirme elle-même : “25 % est à Kabila.”

SOGEMIP Mining, CIIG, SOTEXKI, Texico, Coete Gaz… Toutes ces entreprises, dit-elle, sont sous contrôle indirect de l’ancien président. Pas besoin de contrats publics : le réseau Kabila possède déjà l’amont et l’aval.

Une usine à blanchir : 8 millions en une journée

Un passage glace le sang : Tina décrit une transaction fictive entre SOGEMIP et LIU Resources – l’entrée et la sortie dans une société en une seule journée. Objectif : blanchir 8 millions de dollars.

« SOGEMIP est entré, et le même jour sorti. Il a vendu ses 35 % de parts. Ce montant a eu 8 millions de dollars. »

La scène est décrite avec un naturel déconcertant, comme si blanchir des millions appartenait à la routine du pouvoir. Comme si l’État lui-même était devenu un mécanisme de recyclage financier.

Et dans cette vidéo, Kabila est cité nommément. Tina explique comment il lui donnait directement des instructions. Ce n’est plus un soupçon. C’est une confession enregistrée.

Une machine à cash sur fond de pétrole et de minerais

Les sociétés mises en cause ne sont pas des PME de quartier. SOGEMIP est un mastodonte du secteur extractif. Elle détient des parts dans des blocs pétroliers estimés à 15 milliards de dollars, aux côtés de géants comme PERENCO et ENI.

Et ce n’est pas tout : SOGEMIP Mining exploite aussi du cobalt, du cuivre, du lithium et du manganèse à Lualaba. Une région vitale pour la transition énergétique mondiale.

Traduction : quand le monde parle d’énergie verte, Kabila, lui, encaisse en silence.

De “CONGO HOLD-UP” à “CONGO HOLD-ON”

Ces révélations s’ajoutent à ce que l’enquête “Congo Hold-Up” avait déjà mis au jour : plus de 140 millions siphonnés via la banque BGFI, et des transferts massifs vers des proches de Kabila. La nouveauté ici, c’est le témoignage d’une intermédiaire qui le confirme, vidéo à l’appui.

Et que fait l’État congolais ? Rien. Ni perquisition, ni enquête publique, ni commission parlementaire.

Même pire : selon plusieurs sources, Kabila serait aujourd’hui retranché dans l’Est, sous protection des rebelles du M23, un groupe armé accusé d’atrocités. Un ancien président caché chez des miliciens, pendant qu’il encaisse les dividendes d’un État qu’il a détruit.

 

L'humiliation par le pourcentage

25 %. Voilà le prix d’un pays tenu en otage. Pas 100 % de dictature, non : juste un quart de prédation bien calculée, suffisant pour contrôler, bloquer, encaisser.

Et pendant que la République démocratique du Congo agonise dans les mains de cette élite prédatrice, les enfants de Goma se lavent avec l’eau du fleuve, les hôpitaux manquent de seringues, les salaires des enseignants stagnent à 40 dollars.

Le Congo saigne. Et Kabila compte.

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