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Article: Trump fait le show à Washington, Netanyahu manœuvre dans l’ombre

Trump fait le show à Washington, Netanyahu manœuvre dans l’ombre
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Trump fait le show à Washington, Netanyahu manœuvre dans l’ombre

Alors que Donald Trump joue des coudes sous les dorures de la Maison-Blanche avec cinq présidents africains triés sur le volet, c’est un autre acteur, bien plus discret mais tout aussi déterminé, qui s’invite dans la pièce. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, mène une opération de charme à huis clos. Son objectif ? Accélérer, coûte que coûte, la normalisation des relations entre Israël et plusieurs capitales africaines, dans une guerre d’influence qui se joue bien loin des projecteurs.

Washington, mardi 9 juillet 2025. La scène est soignée. Donald Trump rayonne, fidèle à lui-même, recevant en grande pompe les présidents de la Mauritanie, du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia et du Sénégal. L’ambiance est bon enfant, presque folklorique par moments. Trump, jamais à court d’anecdotes, plaisante sur l’anglais de son homologue libérien, sourit, serre des mains, distribue ses fameuses promesses d’"America First" version Afrique. Officiellement, il est là pour redessiner les contours de l’aide au développement : finie l’assistance à fonds perdus, place aux partenariats commerciaux "gagnant-gagnant".

Derrière les rires et les flashs, une vérité beaucoup plus âpre s’impose : en réduisant drastiquement les aides via la suppression de la puissante USAID, Trump redéfinit les règles du jeu. Fini l’humanitaire. On parle mines, lithium, cobalt, or, manganèse. On parle intérêts américains. On parle géopolitique pure. Ce sommet, sous couvert de développement, ressemble davantage à une offensive stratégique pour arracher le continent aux griffes russes et chinoises.

Mais pendant que Trump brille, Netanyahu manœuvre. Loin de la salle de presse, loin des discours, le chef du gouvernement israélien a discrètement posé ses valises dans les parages. Pas d'annonce publique. Pas de tapis rouge. Juste des rencontres ciblées, silencieuses, mais lourdes de signification. L’homme n’est pas venu les mains vides : promesses de coopération sécuritaire, accès à des technologies israéliennes, et surtout, la promesse d’un retour à la normalisation diplomatique.

Parmi ses cibles, la Mauritanie. Les négociations, confiées à l’entremise américaine, sont bien avancées. Le président Ghazouani, l’un des invités du sommet, aurait rencontré Netanyahu à huis clos, selon plusieurs médias spécialisés. Les deux hommes n’en sont pas à leur première conversation. Depuis plusieurs mois, des discussions en coulisses évoquent la réouverture d’ambassades, la signature d’accords commerciaux, une coopération militaire renforcée. La Mauritanie avait rompu avec Israël en 2010, mais les vents ont tourné.

Et ce n’est pas tout. D’après plusieurs sources, Tel-Aviv aurait multiplié les "approches discrètes" auprès des autres capitales africaines présentes à Washington. L’objectif : tisser une toile, faire tomber un à un les verrous qui freinent encore l’intégration d’Israël dans le paysage diplomatique africain. Pour Netanyahu, chaque reconnaissance africaine est un clou enfoncé dans le cercueil du boycott international. Il joue sur plusieurs tableaux : la sécurité face aux menaces djihadistes dans le Sahel, l’expertise technologique israélienne, et l’appui indirect mais bien réel des États-Unis.

Les offres sont alléchantes : équipements de surveillance, drones, cybersécurité, partenariats agricoles. En retour, Israël attend des gestes politiques forts. Une poignée de main officielle. Une ambassade. Une déclaration publique. Peu importe le calendrier, l’essentiel est de grignoter le terrain.

Le tout se déroule sous la bénédiction bienveillante de Trump, qui voit dans ce rapprochement un double gain : renforcer son image de faiseur de paix (avec, en ligne de mire, un second prix Nobel) et affirmer la suprématie de son axe États-Unis-Israël face aux ambitions russo-chinoises sur le continent.

Mais tout cela pose une question troublante : l’Afrique est-elle encore maître de ses choix, ou devient-elle le théâtre secondaire d’une grande pièce diplomatique dont elle ne serait que le décor ? Entre les deals secrets, les promesses de sécurité, les ressources minières et la reconnaissance internationale, ce sommet à Washington ressemble à une pièce bien huilée où chaque acteur joue un rôle soigneusement écrit à l’avance.

Et au fond, c’est peut-être là que réside le vrai scoop. Pas dans les discours pompeux, pas dans les poignées de main, mais dans les couloirs. Dans ces échanges sans caméra, où l’Afrique, Israël et les États-Unis tricotent une diplomatie parallèle, secrète, potentiellement explosive. Une diplomatie où les peuples ne sont que rarement consultés, et où les intérêts l’emportent toujours sur les convictions.

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