Le peloton s’élancera demain sous haute tension, mais les risques sécuritaires pourraient faire dérailler la course dès les premiers jours. Entre menaces terroristes et tensions frontalières, l’événement vacille sur un fil prêt à rompre. Les autorités prendront elles le risque de maintenir l'événement ?
Un départ incertain sous la menace
Demain, Kigali devait vibrer au rythme du cyclisme. Mais à la veille du départ du Tour du Rwanda 2025, l’ambiance est loin d’être à la fête. L'événement phare du cyclisme africain est aujourd’hui suspendu à un fil, menacé par des tensions régionales explosives et des risques sécuritaires d’une gravité inquiétante.
Depuis des semaines, la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo est le théâtre de heurts violents entre les forces congolaises et les rebelles du M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir. Cette instabilité chronique n’a rien d’une nouveauté, mais l'intensification des combats fait planer un risque inédit sur la tenue du Tour. Le parcours, qui s'étire sur des routes parfois proches des zones de conflit, est devenu une source d’inquiétude majeure.
Les autorités rwandaises assurent que toutes les mesures ont été prises pour garantir la sécurité des coureurs et des spectateurs. Mais ces déclarations officielles peinent à rassurer les délégations étrangères et les équipes cyclistes, d’autant plus que des alertes diplomatiques ont été émises.
Les États-Unis sonnent l'alarme
La pression est montée d’un cran lorsque le Département d'État américain a diffusé une alerte formelle, déconseillant à ses ressortissants de voyager dans les zones proches de la frontière congolaise et appelant à la prudence dans tout le pays pendant la durée de l’événement. Sur les réseaux sociaux, l’ambassade américaine n’a pas mâché ses mots : « Le risque d’incidents violents et d’attaques ciblant les événements publics est élevé. »
Rwanda: The U.S. Embassy in Kigali advises U.S. citizens that the increase in conflict inside the Democratic Republic of the Congo (DRC) may impact security in the areas along the DRC and Burundi borders with Rwanda.
— Travel - State Dept (@TravelGov) February 20, 2025
U.S. Embassy personnel are prohibited from traveling to… pic.twitter.com/YcWXOnM93L
Un message qui a semé la panique dans plusieurs équipes étrangères. Certaines formations envisagent de limiter la participation de leurs coureurs aux étapes les plus éloignées des zones sensibles, tandis que d'autres n’excluent pas un retrait pur et simple si la situation venait à empirer.
Cette prise de position américaine a aussi renforcé les spéculations sur une possible annulation de l’épreuve, voire sur l’arrêt du Tour en cours de route si la sécurité venait à être compromise. Une perspective qui inquiète les organisateurs mais qui n’est plus à écarter.
Un climat explosif, un événement en sursis
Le Tour du Rwanda a toujours été plus qu’une simple course cycliste. Symbole de paix et de résilience dans un pays marqué par son histoire, il est devenu un levier de soft power pour Kigali. Mais cette édition 2025 risque d’assombrir ce tableau.
Les services de renseignement locaux auraient identifié plusieurs « menaces potentielles », sans en préciser la nature. Dans un tel contexte, chaque étape devient un casse-tête sécuritaire. Entre la proximité des zones de conflit et les risques terroristes omniprésents dans la région des Grands Lacs, les forces de l'ordre sont sur le pied de guerre.
Les organisateurs se veulent rassurants, mais les réalités du terrain sont implacables : des routes parfois isolées, des zones difficilement contrôlables et des milliers de spectateurs attendus sur les bords du parcours. « Le risque zéro n’existe pas », admet un membre du comité d’organisation sous couvert d’anonymat.
La population locale, elle, oscille entre excitation et inquiétude. « C’est une fierté d’accueillir cet événement, mais pas au prix de la sécurité des gens », confie Aimé, commerçant à Kigali.
Jusqu’où ira la prudence ?
Les prochaines 48 heures seront décisives. Si la situation venait à se dégrader, une annulation pure et simple pourrait être prononcée, quitte à sacrifier l’image internationale du Rwanda pour éviter un drame. Mais même si la course prend son départ demain, rien ne garantit qu’elle franchira la ligne d’arrivée.
Les équipes internationales sont sur le qui-vive, les sponsors retiennent leur souffle et les autorités marchent sur des braises. Le Tour du Rwanda 2025 risque bien d'entrer dans l'histoire... pour les mauvaises raisons.
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