Burkina Faso : La junte suspend Voice of America, la liberté de la presse encore frappée
Le Burkina Faso a décidé de suspendre les émissions de Voice of America (VOA) pour une durée de trois mois. Ce coup de semonce fait suite à un reportage qui, selon le régime de Traoré, portait atteinte au moral des forces armées après une série d’attaques djihadistes dans la région. Ce geste s’inscrit dans une série de répressions contre les médias, après des sanctions similaires prises contre Radio France Internationale. Depuis son arrivée au pouvoir, la junte de Traoré semble vouloir contrôler l'information qui circule.
Un climat hostile pour la presse
Ce n'est pas la première fois que le régime de Traoré s’en prend à des médias internationaux. Déjà en avril 2023, RFI avait subi une suspension similaire après des critiques envers la couverture des attaques terroristes qui secouent le pays. Voice of America, un média respecté, semble payer le prix de sa couverture jugée "partiale" par le gouvernement burkinabé. La junte, au pouvoir depuis 2022 après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, tente ainsi de resserrer son contrôle sur l'espace médiatique national et international.
Les sanctions tombent dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement de transition et les médias qui osent encore couvrir avec indépendance la situation sécuritaire catastrophique au Burkina Faso. Les autorités accusent ces médias de saper le moral des forces de défense et de sécurité, un argument récurrent pour justifier de telles décisions.
Une guerre de l'information
Avec plus de 40 % du territoire sous contrôle des djihadistes, la junte a intensifié ses efforts pour maîtriser la communication autour des opérations militaires. La suspension de VOA, qui touche une audience internationale, montre une volonté claire de contrôler le narratif à tout prix. Cette décision pourrait aussi avoir un effet dissuasif pour d'autres médias qui tenteraient de diffuser des informations perçues comme défavorables au régime.
Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader, cette suspension s’ajoute à la longue liste d’atteintes à la liberté de la presse au Burkina Faso. La question reste de savoir combien de temps encore les journalistes pourront exercer leur métier dans un pays qui glisse dangereusement vers l'autoritarisme sous couvert de sécurité nationale.
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.