Gabon : SEEG, quand les Ministres deviennent électriciens de fortune
Si on devait distribuer des oscars pour la pire gestion énergétique, Joël Lehman Sandoungout, ex-patron de la SEEG, décrocherait sûrement la palme. L'homme s’est retrouvé au cœur du Karpowership-gate, une saga énergétique qui pourrait bien ruiner les finances du Gabon. Précipitant la signature d’un contrat coûteux avec la société turque Karpowership, Sandoungout aurait reçu des directives peu claires, laissant l’État dans une situation critique. Mais le bouquet final ? Il a refilé la patate chaude aux ministres de l’Économie et de l’Énergie.
L’histoire commence avec une charmante invitation en Turquie, où Sandoungout part « inspecter » un bateau turc censé produire 150 MW pour Libreville. Derrière ce joli voyage tous frais payés, une bombe : un contrat de 12 à 13 milliards de francs CFA par mois pendant cinq ans. Pire, ce deal catastrophique aurait été finalisé avant même que le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, ne soit mis au courant.
Ministres en chute libre
Quand Sandoungout s’est retrouvé face aux enquêteurs de la Direction Générale des Recherches, il a tenté une défense digne des meilleurs scénarios de série B : "C’est pas moi, c’est les ministres de l’Énergie, de l’Économie et du Budget qui m’ont obligé !". Sérieusement ? Malgré cette tentative désespérée de se dédouaner, la question reste : pourquoi cette précipitation et cette opacité autour d’un contrat aussi lourd de conséquences ?
Ce contrat controversé n’a pas seulement mis en lumière des pratiques douteuses mais pourrait aussi laisser la SEEG sur la paille. Entre les milliards envolés et les finances déjà fragiles de la société, il s'agit un véritable naufrage économique. Aggreko, l’ancien fournisseur, a même été écarté au profit de Karpowership, une décision qui intrigue vu le coût exorbitant du nouveau partenariat. Comme si ça ne suffisait pas, la signature finale a eu lieu dans une soirée plutôt ostentatoire dans un Radisson Blu.
Comme si cela n’était pas suffisant, le dossier compte également d’autres casseroles. Un autre contrat de plusieurs milliards de francs CFA avec l’entreprise ECOREF, pourtant non inscrite à la TVA ni à la CNSS, pour fournir des compteurs douteux, ajoute encore du poids à la chute de Sandoungout. À croire que SEEG était devenu une machine à dilapider de l’argent public. Les ministres ? Toujours silencieux.
Le Gabon attend des réponses
Alors que le pays tente de se relever de l’ère Bongo avec un vent de transition et de transparence, ce scandale fait l’effet d’une claque. Si Sandoungout et ses complices ne sont pas punis de manière exemplaire, la confiance des Gabonais envers leurs institutions risque d’en prendre un sacré coup. C’est maintenant au président de la Transition de montrer que cette époque est révolue.
En attendant, la SEEG s’enfonce dans les dettes, les ministres patinent, et le Gabon attend des comptes. Pas sûr que Sandoungout trouve preneur pour le prochain voyage "officiel" en Turquie.
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