Gambie : l’émigration, bouée de sauvetage ou fracture familiale ?
En Gambie, l’émigration devient un recours quasi vital pour des milliers de familles, poussées par la pauvreté, le chômage massif et un climat de plus en plus imprévisible. Près de 10 % de la population a quitté le pays, laissant des communautés rurales dépeuplées où les femmes et les personnes âgées luttent pour survivre. Si l’argent envoyé par les migrants permet de subvenir aux besoins essentiels, leur absence laisse des familles brisées, avec des enfants grandissant sans père, et des rêves sacrifiés pour un avenir hypothétique.
Le péril de l’exil
Les routes migratoires empruntées, notamment le "backway", sont tristement célèbres pour leur dangerosité. Traverser l'Atlantique ou le désert du Sahara, puis affronter la Méditerranée, a coûté la vie à des milliers de migrants, des tragédies qui n'arrêtent pourtant pas les jeunes hommes en quête d'une vie meilleure. Suleyman Bah, un Gambien travaillant en Allemagne, est l’un des nombreux à avoir bravé ces dangers. S'il soutient financièrement sa famille restée au pays, sa femme, Binta Bah, doit faire face à une vie de solitude et de distance amoureuse. Le dilemme est cruel : faut-il choisir entre le besoin financier et la déchirure familiale ?
L’économie de l’exil
Les envois de fonds représentent une part massive de l’économie gambienne, atteignant 25 % du PIB selon la Banque mondiale. Ces transferts d’argent permettent d’acheter de la nourriture, de payer les frais scolaires et même de construire des maisons. Mais cette dépendance masque les maux profonds du pays. L'économie, largement basée sur des importations coûteuses et une agriculture vieillissante, ne parvient pas à offrir des opportunités d’emploi aux jeunes. Les perspectives économiques incertaines ne font qu’alimenter le cycle de départs massifs.
L’avenir suspendu
Si l'émigration reste une bouée de sauvetage pour les familles ghanéennes, elle déstabilise les communautés locales. Le poids du travail agricole repose de plus en plus sur les épaules des femmes et des personnes âgées, tandis que les jeunes hommes continuent de rêver d’un avenir meilleur à l’étranger. Malgré les efforts des pays européens pour freiner les flux migratoires, les récits de succès - même rares - continuent d’alimenter ces rêves d'exil.
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.