Libye : un nouveau gouverneur pour la Banque centrale, un pari risqué ?
La Libye, plongée dans le chaos politique depuis une décennie, se dote enfin d’un nouveau gouverneur à la tête de sa Banque centrale. Ce n’est pas seulement une affaire administrative : dans un pays où les institutions sont fracturées, cette nomination représente un enjeu colossal pour la stabilité économique. Farhat Bengdara, l’homme choisi pour ce poste, devra jouer les équilibristes entre les factions rivales, tout en essayant de redresser une économie minée par la corruption, les conflits et une inflation galopante.
Un poste hautement stratégique
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est divisée entre deux autorités principales, l’une basée à Tripoli, l’autre à Benghazi. La Banque centrale n’a pas échappé à ces divisions. Le nouveau gouverneur arrive dans un contexte où chaque mouvement est scruté, et où les différents clans veulent s’assurer de garder la main sur les flux financiers du pays. Or, dans une Libye où l'argent est synonyme de pouvoir, être gouverneur de la Banque centrale, c’est se retrouver au cœur des tensions.
Les institutions financières libyennes, et notamment la Banque centrale, ont longtemps été des leviers utilisés par les divers groupes pour financer leurs activités, entretenir leur influence et, parfois, bloquer l’accès aux ressources à leurs rivaux. La prise de contrôle de ces institutions n'est donc pas anodine. Bengdara, qui avait déjà occupé ce poste sous Kadhafi, devra non seulement gérer des réformes économiques, mais aussi naviguer dans un paysage politique explosif.
Les défis qui l'attendent
La réconciliation économique entre les différentes parties du pays est la tâche prioritaire. Cela passe par une réunification des finances publiques, qui sont aujourd’hui morcelées entre plusieurs administrations. Mais Bengdara devra aussi s’attaquer à la question des fonds libyens gelés à l’étranger, une manne qui pourrait être cruciale pour la relance du pays.
L'inflation, la corruption et l’instabilité des prix des hydrocarbures sont également des problèmes pressants. Dans un pays où le pétrole représente plus de 90 % des revenus, la gestion de la manne pétrolière par la Banque centrale est au centre des débats. Bengdara sera scruté de près, non seulement par les acteurs libyens, mais aussi par la communauté internationale.
L’espoir d’une reprise économique ?
La nomination d’un gouverneur pourrait-elle être le premier pas vers une stabilisation durable de la Libye ? Rien n’est moins sûr. Si la Banque centrale peut retrouver son rôle stabilisateur, elle sera un acteur essentiel de la reconstruction. Mais pour cela, encore faut-il que les différents clans acceptent de coopérer, ce qui est loin d’être garanti.
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