Les femmes entrepreneures agricoles confrontées à des obstacles financiers, la FAO propose des solutions
Les femmes entrepreneures en agriculture en Afrique subsaharienne rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder au financement, avec des taux d’intérêt élevés et des exigences de garantie restrictives. Un programme de la FAO, en partenariat avec le Centre du commerce international (ITC), vise à les outiller pour surmonter ces obstacles, à travers des formations et des produits financiers adaptés.
Les défis structurels du financement agricole féminin
L'histoire d'Augustina Tufuor, une entrepreneure ghanéenne, est emblématique des nombreux défis auxquels les femmes africaines sont confrontées dans le secteur agricole. Tufuor, qui a fondé une entreprise de production de chips de plantain, a vu ses ambitions freinées par des barrières financières quasi infranchissables. Lorsqu’elle a tenté d’obtenir un prêt pour développer son activité, elle s’est retrouvée face à une demande de garantie de 20 000 Cedis et un taux d'intérêt de plus de 36 %, rendant tout investissement supplémentaire impraticable.
Comme elle, plus de 70 % des femmes dirigeant des entreprises en Afrique subsaharienne n'ont pas accès aux services financiers formels, selon les chiffres de l'ITC. La majorité des femmes entrepreneurs agricoles dépendent de réseaux informels ou de leurs économies personnelles pour survivre et développer leurs activités. Le manque de terres et de technologies aggrave encore la situation.
La réponse de la FAO et de l’ITC : le programme EWAT
Consciente de ces difficultés, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) s'est associée à l'ITC pour lancer le programme Empowering Women and Boosting Livelihoods through Agricultural Trade (EWAT), une initiative couvrant six pays africains. L’objectif principal est de faciliter l’intégration des femmes entrepreneures dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), en les formant sur le développement de produits, la vente, le marketing et surtout la préparation financière.
L'une des bénéficiaires du programme, Asma Begum Mirza, une agripreneure nigériane de 61 ans, a vu son expérience transformée après avoir assisté au Financial Readiness Bootcamp organisé à Lagos. Ce camp lui a permis de présenter de manière plus convaincante son plan d'affaires aux investisseurs potentiels. Le programme ne se limite pas aux formations ; il travaille également avec les institutions financières pour créer des produits de crédit adaptés aux besoins spécifiques des femmes dans l'agriculture.
Impact à long terme sur l’agriculture africaine
L'approche de la FAO va au-delà du simple accès au financement. Clara Park, haut fonctionnaire en charge du genre à la FAO, souligne que l'égalité des sexes est au cœur de la mission de l'organisation. Les initiatives comme EWAT permettent aux femmes de non seulement obtenir des fonds, mais aussi de s'adapter aux régulations commerciales, d'accéder à de nouveaux marchés et de renforcer leur résilience économique.
Avec un soutien adéquat, des femmes comme Augustina Tufuor et Asma Begum Mirza peuvent non seulement surmonter les obstacles financiers, mais aussi créer des chaînes de valeur qui améliorent les moyens de subsistance de leurs communautés. À terme, ces efforts peuvent contribuer à la transformation structurelle du secteur agricole en Afrique, où les femmes représentent la majorité de la main-d’œuvre agricole mais restent souvent marginalisées.
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