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Article: Référendum au Gabon : voter sans connaître le texte ?

Référendum au Gabon : voter sans connaître le texte ?
article 53

Référendum au Gabon : voter sans connaître le texte ?

Le Gabon s'apprête à vivre un moment crucial de son histoire politique le 16 novembre prochain : un référendum sur une nouvelle Constitution. Cependant, une interrogation majeure plane sur le processus : les Gabonais iront voter sur un texte qu’ils ne connaissent toujours pas. Ce projet de Constitution, censé marquer une nouvelle ère après la transition politique post-coup d'État, est au centre de toutes les polémiques, notamment à cause de certaines de ses dispositions controversées.

Une Constitution opaque ?

Un mois avant le vote, le texte définitif reste toujours largement inconnu du public. Alors que de grandes affiches pour le "Oui" fleurissent dans tout le pays, une question demeure : "oui" à quoi ?

Certes, les grandes lignes ont été discutées au sein du gouvernement et dans certains cercles politiques, mais la population, qui sera appelée à trancher, n’a pas eu accès au document complet. Cela soulève une inquiétude légitime : comment peut-on se prononcer en toute connaissance de cause sur un texte aussi fondamental pour l’avenir du pays sans en avoir pris pleinement connaissance ?

Cette opacité est d’autant plus préoccupante que certaines parties du texte qui avaient fuité, notamment l’article 53, ont déjà provoqué une levée de boucliers. Cet article stipule des critères d’éligibilité très stricts pour la présidence de la République, réservant ce poste uniquement aux Gabonais nés de deux parents gabonais et mariés à des Gabonaises de grands-parents Gabonais également. Ce point a été jugé discriminatoire, particulièrement vis-à-vis des binationaux ou des membres de la diaspora, qui se sentent écartés du processus démocratique​.  

Le tollé autour de l’article 53

L’article 53 était devenu un symbole du rejet de cette nouvelle Constitution par une partie des Gabonais. Cette clause, qui impose également une limite d’âge entre 35 et 70 ans pour les candidats à la présidence, est perçue par beaucoup comme une mesure d'exclusion. Elle limite non seulement l'accès aux jeunes leaders, mais écarte également les candidats ayant une double nationalité, pourtant souvent très impliqués dans la vie du pays malgré leur expatriation​.
Derrière ces restrictions il apparaît très clair que Brice Oligui a simplement voulu écarter du jeu ses concurrents potentiels, en intégrant des critères qui excluent de manière évidente certaines personnalités qui pourraient lui ravir le poste tant convoité.

Au-delà de ces critères d'éligibilité, c'est tout le processus qui est critiqué. On demande à la population de valider un projet qu’elle n’a pas eu l’occasion d’étudier, et qui, par le passé, a montré des aspects inquiétants, notamment un renforcement des pouvoirs du président et une réduction des contre-pouvoirs, comme la justice ou le parlement​.

Une mascarade électorale ?

D’aucuns qualifient ce référendum de mascarade. En effet, comment peut-on parler de consultation démocratique si les citoyens n'ont pas accès à l'information nécessaire pour un choix éclairé ? L’organisation de campagnes de sensibilisation de dernière minute semble davantage un geste cosmétique qu’un réel effort d'inclusivité. La société civile ainsi que certains leaders politiques continuent de dénoncer un processus biaisé, qui sert plus à consolider le pouvoir en place qu’à restaurer une véritable démocratie​ 

En somme, à moins d’un mois du scrutin, les Gabonais sont plongés dans l’incertitude et risquent de voter pour ou contre un texte qui façonnera l’avenir de leur pays sans réellement en connaître les implications. Une situation qui jette une ombre sur la légitimité de ce référendum et sur la volonté réelle des autorités de promouvoir une gouvernance transparente et inclusive.

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