Mali : la junte nationalise la mine d’or de Yatela, symbole de souveraineté
La junte malienne a annoncé la nationalisation de la mine d'or de Yatela, précédemment exploitée par des sociétés étrangères. Après des années de négociations, le Mali reprend le contrôle de ce site minier dans un acte que les autorités qualifient de « geste de souveraineté ». Cette décision marque une étape cruciale dans la volonté du régime d'Assimi Goita de renforcer la mainmise de l’État sur ses ressources naturelles.
Une mine symbolique reprise par l'État
Mercredi, la junte malienne a signé le décret finalisant la nationalisation de la mine d’or de Yatela, dans la région de Kayes. Jusqu’alors sous le contrôle de sociétés sud-africaine et canadienne, le site passe aujourd’hui sous gestion publique, exploitée par la Société de recherche et d’exploitation minière (Sorem). Selon le gouvernement, cette nationalisation est « un acte de souveraineté » qui s’inscrit dans un mouvement plus large de reprise en main des ressources naturelles maliennes.
Les négociations autour de cette cession remontent à 2019, avant même le renversement du précédent gouvernement. Malgré l’accord initial, quatre années de discussions supplémentaires ont été nécessaires pour aboutir à une résolution. La transaction s’est concrétisée contre un franc symbolique, en plus d’un règlement de contentieux fiscaux pour une somme de plus de 4 millions de dollars, destinés au Trésor malien.
La mine de Yatela, dont les activités ont été suspendues en 2016 en raison d’une baisse des cours de l’or et d’une diminution de la teneur en minerai, n’est cependant pas considérée comme épuisée par les nouvelles autorités. En réactivant cette exploitation, le gouvernement de Goita cherche à démontrer sa capacité à gérer ces richesses en indépendance, malgré des conditions d’extraction coûteuses dénoncées par les anciens exploitants.
Des pressions croissantes sur les sociétés minières étrangères
Ce projet de nationalisation n’est pas un cas isolé au Mali. Depuis son accession au pouvoir, le gouvernement Goita intensifie sa pression sur les entreprises minières étrangères pour renégocier les termes de leur présence sur le sol malien. En mai 2024, c’est la mine de Morila qui passait également sous contrôle de l’État, rachetée au géant canadien Barrick Gold pour un dollar symbolique. Cette initiative a envoyé un message clair à l’ensemble des exploitants étrangers, renforçant le climat de tension qui entoure le secteur.
Un communiqué conjoint des ministères des Mines et de l'Économie a d’ailleurs récemment critiqué Barrick Gold pour le non-respect de ses engagements contractuels. Les autorités maliennes réclament désormais des concessions et une transparence accrues pour aligner les intérêts des entreprises sur les priorités du pays. Pour les partisans de la junte, ces nationalisations sont un rempart contre la dépendance économique et un moyen de garantir au Mali la pleine maîtrise de ses richesses minières.
Le défi de la rentabilité et de la souveraineté
La nationalisation de Yatela et d’autres sites miniers s’inscrit dans une dynamique de reprise économique et de renforcement de la souveraineté nationale. Cependant, l’extraction d’or est coûteuse, surtout avec des gisements dont les rendements s’amoindrissent. Pour les experts, la réussite de cette prise de contrôle repose en grande partie sur la capacité de la Sorem à optimiser l’exploitation de Yatela et sur la capacité de l’État à moderniser ses infrastructures minières.
En attendant, l’opinion publique malienne reste divisée. D’un côté, certains voient dans ces nationalisations une chance de réinvestir les profits de l’or dans le développement du pays. De l’autre, certains analystes s’interrogent sur la viabilité de cette politique à long terme, et sur la capacité de l’État à compenser l'expertise technique et les capitaux étrangers. À l’heure où la junte prône l’indépendance, la pression sera forte pour montrer que la souveraineté économique peut également être une source de prospérité.
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