Maroc : Ilyas El-Malki au cœur d'une nouvelle polémique après des propos anti-Amazighs
Le Maroc est secoué par une nouvelle controverse en ligne qui, cette fois, touche à l'unité nationale et à la sensibilité identitaire du royaume. Le célèbre youtubeur marocain Ilyas El-Malki, déjà connu pour ses frasques, fait l'objet d'une vive réaction après avoir tenu des propos jugés offensants envers les Amazighs, la communauté berbère, au cours d'un live sur les réseaux sociaux. Cette sortie virulente a immédiatement déclenché une vague d’indignation et une plainte collective a été déposée pour « incitation à la haine ».
Une explosion en ligne contre les Amazighs
Tout a commencé lors d’une retransmission en direct où Ilyas El-Malki, suivi par des milliers de jeunes marocains, s’est lancé dans une diatribe contre les Amazighs. Le contenu de ses propos, particulièrement agressif, a rapidement enflammé la toile. Des utilisateurs ont dénoncé le caractère raciste de ses paroles, tandis que certains, en défenseur de la liberté d’expression, ont tenté de le justifier sous le prisme de l’humour noir. Cependant, pour des leaders de la communauté amazighe comme Rachid Bouhadouz, il est impensable de laisser de tels propos sans réponse.
« Il ne faut pas banaliser ce genre de discours et les considérer comme de l’humour noir », insiste Rachid Bouhadouz, militant politique et culturel amazigh. Selon lui, tolérer ces paroles pourrait avoir des conséquences graves pour la cohésion nationale : « Si on normalise de tels discours, on risque de fragiliser l’unité du Maroc, un pays qui repose sur la diversité de ses composantes culturelles ». Bouhadouz fait partie des 15 figures berbères qui ont pris l’initiative de déposer une plainte formelle contre El-Malki pour « incitation à la haine raciale ».
Ilyas El-Malki, une influence controversée
Ce n'est pas la première fois qu’Ilyas El-Malki fait parler de lui pour des raisons judiciaires. Tout juste sorti de prison, où il avait purgé une peine de trois mois pour avoir agressé un autre youtubeur, sa réputation est déjà ternie. Malgré cela, sa popularité sur les réseaux reste importante, notamment auprès d’un public jeune.
Cet aspect est particulièrement préoccupant pour Me Mohamed Almou, l’avocat des plaignants : « Le mis en cause a une large audience, surtout auprès d’adolescents et de jeunes adultes. Les discours de haine qu’il tient peuvent facilement être adoptés et reproduits par ces jeunes, qui sont influençables et vulnérables face à de telles rhétoriques ». L'avocat souligne ici une des failles majeures de l’ère numérique : la capacité des personnalités publiques à propager des idées clivantes et dangereuses avec un impact potentiellement démultiplié par la viralité des réseaux sociaux.
Une société marocaine en quête de cohésion
Le Maroc est souvent présenté comme un exemple de coexistence harmonieuse entre différentes identités culturelles et régionales, notamment entre les Arabes et les Amazighs, qui constituent une part importante de la population du royaume. Toutefois, cette affaire rappelle la fragilité des équilibres. Si l’identité amazighe est officiellement reconnue depuis la révision constitutionnelle de 2011, la question de la reconnaissance des droits culturels et linguistiques des Amazighs reste un sujet sensible.
L’incident déclenché par les propos d’El-Malki vient raviver les tensions sur ce front. Pour les militants berbères, cette affaire va au-delà des simples injures verbales. Il s’agit de défendre une identité souvent mise à l’écart, voire dénigrée. Dans cette perspective, ils espèrent que la justice marocaine saura envoyer un message clair contre la propagation de discours de haine, peu importe le prétexte ou le contexte.
La justice au défi de l'incitation à la haine
L’affaire El-Malki pose ainsi la question plus large de la responsabilité des influenceurs et personnalités publiques dans la diffusion de propos incitant à la haine et au racisme. Pour les défenseurs des Amazighs, la ligne est claire : les déclarations d’El-Malki doivent être sévèrement sanctionnées pour éviter toute forme de banalisation de la haine raciale. Cependant, le débat reste ouvert sur la frontière entre liberté d'expression et incitation à la haine, surtout dans une société marocaine où les discussions sur l'identité et la diversité culturelle sont encore sensibles.
Les réseaux sociaux, devenus de puissants vecteurs d’opinion, amplifient le retentissement de ce type de discours. Il est donc impératif pour les autorités de fixer des limites claires. Comme l’a rappelé Me Mohamed Almou, la grande responsabilité qui incombe à des personnalités telles qu'El-Malki est d’autant plus importante qu’elles parlent à une jeunesse en quête de repères. Le risque, si ces dérapages ne sont pas contenus, est de voir ces propos répercutés et normalisés, au détriment de l’unité nationale et du vivre-ensemble.
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