Article: Prostitution à Kédougou : l’orpaillage au cœur d’un réseau de traite de femmes nigérianes

Prostitution à Kédougou : l’orpaillage au cœur d’un réseau de traite de femmes nigérianes
La région minière de Kédougou attire les chercheurs d’or. Elle attire aussi les réseaux criminels. Le démantèlement récent d’un trafic de prostitution impliquant des femmes nigérianes révèle une vérité dérangeante : là où l’État se fait discret, l’exploitation humaine s’installe, méthodique, rentable, presque banalisée.
Un signalement qui fait tomber le masque
Dimanche 21 décembre, la Police nationale annonce l’arrestation du cerveau présumé d’un réseau de trafic de femmes originaires du Nigeria. L’enquête démarre loin des bureaux climatisés : un témoin local alerte l’antenne régionale de la Division de lutte contre le trafic de migrants. À Kédougou, parler reste un acte de bravoure. La peur est diffuse, entretenue par l’argent de l’orpaillage et par des complicités tacites que tout le monde soupçonne sans jamais les nommer.
Des promesses mensongères à l’enfermement
Selon les premiers éléments de l’enquête, les victimes auraient été recrutées via des réseaux informels, avec la promesse d’emplois décents. Arrivées sur place, leurs papiers confisqués, elles basculent dans un système de contrainte. Dettes artificielles, menaces, violences psychologiques. La prostitution devient une obligation quotidienne, au service d’une clientèle anonyme issue des sites miniers.
Kédougou, laboratoire de l’économie grise
La région concentre tous les angles morts. Flux migratoires incontrôlés, zones reculées, forces de sécurité sous-dotées. L’orpaillage, légal ou clandestin, génère une économie parallèle où tout se monnaie. Corps compris. Ce n’est pas un hasard si les réseaux de traite investissent ces territoires. Ils savent que la loi y arrive toujours en retard.
Un phénomène loin d’être isolé
Cette affaire s’ajoute à une série de dossiers similaires recensés ces derniers mois au Sénégal, impliquant des femmes venues de plusieurs pays de la sous-région. Chaque arrestation est présentée comme une victoire. Mais elle ressemble surtout à un aveu : celui d’un système qui prospère plus vite que la réponse publique.
L’État face à ses contradictions
Les autorités promettent fermeté et poursuites. Pourtant, sur le terrain, les victimes restent invisibles, peu protégées, rarement accompagnées sur le long terme. À Kédougou, la question n’est plus de savoir si ces réseaux existent, mais combien continuent d’opérer en toute discrétion. L’or brille. La misère aussi. Et tant que cette équation ne sera pas brisée, la traite humaine restera un filon comme un autre.

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