Kenya : la procédure de destitution de Gachagua attise les tensions politiques
Le Kenya est plongé dans une nouvelle crise politique alors que Rigathi Gachagua, vice-président du pays, fait face à une motion de destitution. Accusé de corruption et de soutien aux manifestations antigouvernementales de juin, Gachagua voit sa position fragilisée au sein du gouvernement. Les débats autour de sa possible éviction ont déclenché des manifestations dans tout le pays, des scènes violentes ayant déjà éclaté dans plusieurs régions. Ce feuilleton politique met à rude épreuve l’unité du camp présidentiel, tandis que l’opinion publique se divise.
Des affrontements dans plusieurs régions
Depuis l’annonce de la procédure de destitution, les tensions sont palpables à travers le pays. À Nairobi, une réunion publique au Bomas of Kenya, censée permettre un échange serein, a viré au chaos. Les partisans du président William Ruto ont affronté ceux de Gachagua, entraînant des jets de chaises et des échauffourées. L'activiste Morara Kebaso, figure publique connue pour critiquer ouvertement les décisions gouvernementales, a été blessé lors de ces violences.
Dans le comté de Nyeri, région d'origine de Gachagua, les tensions sont montées d’un cran. La police a dû intervenir pour contenir les foules pro-Gachagua, tandis que dans le comté voisin de Nyandarua, les opposants à la destitution ont été contraints de quitter une salle publique après avoir été traités de traîtres. Ces incidents illustrent à quel point la destitution du vice-président divise non seulement les leaders politiques mais aussi la population.
Une majorité parlementaire divisée
La motion de destitution contre Gachagua a été signée par plus de 291 parlementaires, un chiffre bien supérieur aux 117 requis pour déclencher la procédure. Cependant, certains députés, notamment des proches de Gachagua, ont commencé à retirer leur soutien après des retours critiques de leurs électeurs. Ce revirement illustre l’étendue des divisions au sein du camp présidentiel. Gachagua, quant à lui, continue de clamer son innocence et affirme qu’il se battra contre cette procédure qu’il juge infondée.
Parmi les dix accusations portées contre lui figurent la corruption, des pratiques discriminatoires, et des contradictions avec les politiques du président Ruto. Toutefois, certains Kényans s’interrogent sur le timing de cette procédure, y voyant des luttes internes de pouvoir plutôt qu’une réelle volonté de justice.
Le silence prudent du président Ruto
Le président William Ruto, élu avec Gachagua sur une même liste, s’est jusqu’ici montré discret sur la question. Lors de sa prise de fonction, il avait promis de ne pas humilier son vice-président, se remémorant ses propres conflits avec l’ancien président Uhuru Kenyatta. Cependant, face à cette nouvelle crise, le président semble garder ses distances, laissant le processus parlementaire suivre son cours sans s’y impliquer directement
Alors que le Sénat s’apprête à examiner la motion, beaucoup attendent avec impatience de voir si Gachagua sera effectivement démis de ses fonctions. Si la procédure venait à aboutir, cela pourrait ébranler davantage la stabilité du gouvernement de Ruto, déjà confronté à une opposition en pleine résurgence.
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