Sénégal : la campagne législative s'achève dans une atmosphère électrique
À la veille des élections législatives anticipées prévues ce dimanche, le Sénégal vit les dernières heures d'une campagne électorale marquée par des tensions palpables et des alliances politiques inédites.
Un duel au sommet : Sonko contre Sall
La scène politique sénégalaise est dominée par l'affrontement entre deux figures emblématiques : Ousmane Sonko, Premier ministre et leader du parti Pastef, et Macky Sall, ancien président et tête de liste de la coalition Takku Wallu Sénégal. Ce dernier, après avoir quitté le pouvoir en avril dernier, effectue un retour remarqué sur le devant de la scène politique, menant campagne depuis le Maroc. Ses partisans, mobilisés à Dakar, ont multiplié les actions de terrain, notamment des caravanes sillonnant les rues de la capitale pour rallier les électeurs indécis.
De son côté, Ousmane Sonko, fort de sa position au sein du gouvernement, vise à consolider sa majorité parlementaire pour poursuivre les réformes engagées depuis son accession au pouvoir en mars dernier. Le Pastef espère ainsi obtenir une majorité confortable à l'Assemblée nationale, condition sine qua non pour la mise en œuvre de son programme politique.
Une campagne sous haute tension
La campagne électorale a été émaillée de violences et d'incidents regrettables. Des affrontements entre partisans des différents camps ont été signalés, notamment à Dakar et dans le centre du pays. Le convoi d'Ousmane Sonko a été attaqué à Koungheul, entraînant des blessures parmi ses partisans. Ces incidents ont ravivé les craintes d'une escalade de la violence à l'approche du scrutin.
Les autorités ont appelé au calme et à la retenue, exhortant les acteurs politiques à privilégier le dialogue et le respect des règles démocratiques. Néanmoins, la méfiance demeure, alimentée par des accusations mutuelles de provocations et de manipulations.
Des enjeux économiques cruciaux
Au-delà des rivalités politiques, les élections législatives se déroulent dans un contexte économique préoccupant. Le Sénégal fait face à une crise fiscale majeure, avec un déficit budgétaire croissant et des retards dans le financement du FMI. La croissance économique, initialement prévue à 7,1 %, a été révisée à la baisse à 6 %, en raison de performances décevantes dans des secteurs clés tels que l'agro-industrie et la construction.
Les électeurs, confrontés à une inflation galopante et à une hausse du coût de la vie, attendent des solutions concrètes de la part des candidats. La création d'emplois, la lutte contre la corruption et la gestion des ressources naturelles sont au cœur des préoccupations. Les promesses de réformes économiques et de transparence seront déterminantes dans le choix des électeurs.
Vers un scrutin décisif
Avec plus de 7 millions d'électeurs inscrits, le scrutin de dimanche s'annonce déterminant pour l'avenir politique du Sénégal. Les résultats des législatives pourraient soit renforcer la position du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, soit ouvrir la voie à une cohabitation avec une opposition renforcée.
Les observateurs internationaux et les organisations de la société civile appellent à des élections libres, transparentes et pacifiques. Le Sénégal, souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique en Afrique de l'Ouest, est à un tournant de son histoire politique. La maturité démocratique des acteurs politiques et des électeurs sera mise à l'épreuve lors de ce scrutin aux enjeux multiples.
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