Somalie vs Éthiopie : guerre diplomatique au Conseil de l’ONU
La tension est montée d’un cran entre la Somalie et l’Éthiopie, avec une nouvelle accusation lourde de sens. Lors de son intervention à l’Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre somalien Hamza Abdi Barre a lancé un pavé dans la mare en dénonçant les tentatives d’annexion de territoires somaliens par Addis-Abeba. Le point de friction ? L’accès maritime via le Somaliland, que l’Éthiopie veut sécuriser à tout prix. Mogadiscio crie à la violation de souveraineté et y voit une manœuvre illégale.
Ce climat toxique, propice à l'escalade, arrive au pire moment pour la région de la Corne de l’Afrique. La Somalie accuse l’Éthiopie de jouer avec le feu, en alimentant des tensions qui ne profitent qu’aux groupes terroristes comme Al-Shabaab. Selon le Premier ministre, ces provocations éthiopiennes minent les efforts de paix et de cohésion en Somalie. Le discours ferme de Barre visait à rappeler que la souveraineté somalienne n’était pas négociable, et que toute tentative d'ingérence serait combattue diplomatiquement et militairement, si nécessaire.
Contexte historique : le casse-tête du Somaliland
L’une des racines du conflit actuel réside dans la situation complexe du Somaliland, une région autonome de facto mais toujours revendiquée par la Somalie. Ce territoire, situé au nord de la Somalie, a signé un accord avec l’Éthiopie pour garantir à cette dernière un accès direct à la mer Rouge. Pour Addis-Abeba, privée de façade maritime depuis 1993, cet accord est stratégique. Pour Mogadiscio, en revanche, il s’agit ni plus ni moins d’une violation flagrante de son intégrité territoriale.
L’Éthiopie à la manœuvre ?
Sous la direction d'Abiy Ahmed, l’Éthiopie a multiplié les efforts pour s’assurer une place de choix sur l’échiquier économique de la Corne de l’Afrique. Cependant, ces manœuvres laissent planer l'idée qu’Addis-Abeba aurait des visées expansionnistes sur certaines régions stratégiques. L’accord avec le Somaliland cristallise les tensions, et laisse croire que l’Éthiopie, sous couvert d’intérêts économiques, pourrait redessiner les frontières de la région.
Une crise aux multiples facettes
Cette crise n’est pas seulement une querelle de territoires. Elle révèle une rivalité plus profonde entre deux voisins qui se disputent l’influence dans une région instable. En toile de fond, les puissances régionales, comme les Émirats arabes unis ou la Turquie, observent de près, chacune ayant ses intérêts propres dans la région. La crise pourrait également pousser des acteurs internationaux, notamment les Nations unies, à intervenir pour éviter un embrasement plus large.
Quel avenir pour la région ?
La tension entre la Somalie et l’Éthiopie survient alors que les deux pays sont déjà fragilisés par des conflits internes et des difficultés économiques. La région de la Corne de l’Afrique, cruciale pour le commerce maritime mondial, risque d’entrer dans une nouvelle phase d’instabilité. Les relations bilatérales entre ces deux géants africains semblent irréversiblement détériorées, à moins qu’un acteur extérieur n’impose une médiation sérieuse.
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