Artikle: Présidentielle au Cameroun : Maurice Kamto exclu de la course, l’élection sous tension

Présidentielle au Cameroun : Maurice Kamto exclu de la course, l’élection sous tension
C’est désormais officiel : Maurice Kamto ne sera pas candidat à la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025. Le Conseil constitutionnel a tranché ce mardi 5 août, rejetant son recours contre sa disqualification par l’ELECAM. Un coup de théâtre pour certains, une manœuvre politique évidente pour d’autres.
Une disqualification qui suscite l’incompréhension
Le 26 juillet, l’instance électorale du Cameroun, l’ELECAM, avait publié une liste de 13 candidats retenus pour l’élection présidentielle. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et principal opposant à Paul Biya, en était absent. Motif évoqué : son investiture aurait été portée par deux partis à la fois, le MRC et le MANIDEM, une entorse au Code électoral.
Soutenu par ses partisans, Kamto avait rapidement saisi le Conseil constitutionnel, espérant faire annuler cette décision qu’il jugeait infondée et politiquement motivée. Mais ce mardi, la haute juridiction a validé son exclusion, jugeant le recours "non fondé", scellant ainsi son absence du scrutin présidentiel.
Une opposition privée de son poids lourd
Avec cette décision, le pouvoir camerounais écarte celui qui représentait, pour beaucoup, la seule véritable alternative au président Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans. Lors de l’élection présidentielle de 2018, Maurice Kamto avait obtenu environ 14 % des voix, dénonçant des fraudes massives et réclamant sa victoire, ce qui lui avait valu un séjour en prison.
À 71 ans, l’opposant reste une figure majeure de la vie politique camerounaise. Son exclusion soulève donc de vives inquiétudes quant à l’équité du scrutin, d’autant que le président sortant, Paul Biya, âgé de 92 ans, est toujours candidat à sa propre succession pour un septième mandat.
Une démocratie sous surveillance
La communauté internationale observe de près la situation au Cameroun. Des organisations comme Human Rights Watch alertent sur la dérive autoritaire du régime et l’instrumentalisation des institutions. Selon elles, priver un candidat majeur de son droit à concourir jette une ombre sur la légitimité de l’ensemble du processus électoral.
Les appels au calme se multiplient alors que les tensions montent dans certaines zones du pays. À Yaoundé et Douala, des forces de sécurité ont été déployées pour anticiper d’éventuelles mobilisations des partisans du MRC, qui dénoncent une mascarade électorale.
Vers une élection verrouillée
L’absence de Maurice Kamto reconfigure totalement la campagne. Face à Paul Biya, les autres candidats retenus peinent à incarner une opposition crédible. L’élection d’octobre pourrait donc se jouer sans véritable concurrence, dans un climat de défiance généralisée.
Alors que le pays fait face à de nombreuses crises — économiques, sécuritaires et sociales —, cette exclusion majeure fragilise davantage une démocratie déjà minée par les soupçons de manipulation, de clientélisme et d’usure du pouvoir.
Botika commentaire
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