Constitution du Gabon - Jean-Rémi Yama : "Oligui ? On ne naît pas dictateur, on le devient"
Le Gabon s’apprête à un moment décisif avec le référendum sur une nouvelle Constitution. Ce projet suscite de vives polémiques et pourrait fracturer encore plus la société gabonaise. Jean-Rémy Yama, sénateur de la transition et fervent opposant au texte, avertit que cette proposition concentrerait trop de pouvoirs entre les mains du futur président, une dérive qui mettrait en danger la démocratie.
Une Constitution qui inquiète
Lors d’une conférence de presse tenue le 2 octobre 2024, Jean-Rémy Yama a exposé ses inquiétudes quant à la concentration excessive des pouvoirs prévue par la nouvelle loi fondamentale. Le texte confère au président un contrôle démesuré, notamment sur le pouvoir judiciaire, ce qui pourrait favoriser des dérives autoritaires. Pour Yama, « donner trop de pouvoir à une seule personne est une invitation aux abus », et il rappelle que personne ne naît dictateur, mais que l'entourage et les circonstances peuvent le rendre ainsi. Ce qui l'inquiète surtout, c'est l'accumulation des trois pouvoirs dans une seule main, une menace pour l’indépendance de la justice selon lui.
Un retour vers la Constitution de 1991 ?
Pour Yama, la meilleure alternative serait de revenir à la Constitution de 1991, texte fondamental adopté après la Conférence nationale, qui assurait un meilleur équilibre des pouvoirs et une protection plus solide des droits des citoyens. Il critique ouvertement les 801 amendements apportés à la Constitution actuelle, qu’il considère comme insuffisants pour garantir une véritable démocratie. Il appelle donc le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à retirer ce projet et à adopter une approche plus consensuelle. « Ce projet divise les Gabonais », martèle Yama, insistant sur le fait que partir divisés au référendum serait néfaste pour l’unité nationale selon ses déclarations.
Un référendum qui divise profondément
Le projet de Constitution, soutenu par le Conseil constitutionnel national (CCN), divise fortement l’opinion publique, notamment autour de l'article 53, qui empêche 94% des gabonais de l'accès à la Présidence. Si certains soutiennent la nécessité de réformer pour stabiliser la transition en cours, d’autres, comme Yama, redoutent que ce texte ne soit qu’une « bombe à retardement en matière de gouvernance ». Il met en garde contre une possible manipulation du référendum, qui risquerait de se dérouler dans un climat de campagne déséquilibrée en faveur du « oui », orchestrée par ceux au pouvoir. Ces craintes de dérives autoritaires résonnent d'autant plus que la réforme donne des pouvoirs accrus au président, notamment en matière de contrôle judiciaire, comme il l'a souligné.
Appel au consensus et à la vigilance
Jean-Rémy Yama ne se contente pas de critiquer le texte ; il appelle à un consensus national pour éviter que ce projet ne plonge le pays dans une crise politique encore plus profonde. Il exhorte le général Oligui Nguema à reconsidérer la portée de ce référendum et à éviter une nouvelle fracture de la société gabonaise, déjà secouée par des décennies de conflits politiques.
L’issue de ce référendum reste donc incertaine. Le texte de la Constitution pourrait remodeler l’avenir politique du Gabon ou, au contraire, accentuer les divisions et faire reculer la démocratie, comme le redoutent de nombreux observateurs.
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