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Article: Féminicides en Côte d’Ivoire : Une tragédie silencieuse qui tue dans l’ombre

Féminicides en Côte d’Ivoire : Une tragédie silencieuse qui tue dans l’ombre

Féminicides en Côte d’Ivoire : Une tragédie silencieuse qui tue dans l’ombre

En Côte d'Ivoire, les féminicides se multiplient, et Abidjan, capitale économique du pays, est devenue le triste théâtre de cette hécatombe. Rien qu’en 2020, plus de 416 femmes ont été tuées en raison de leur genre, selon un rapport accablant. Si vous n'êtes pas encore prêt à affronter cette triste réalité, asseyez-vous, parce que ce qui suit va vous donner envie de hurler.

La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes (LIDF) ne sait plus à quel saint se vouer. Elles en sont au point où, si leur voix avait un effet de résonance physique, elle briserait les fenêtres des ministères et des palais de justice, pour secouer les décideurs. Pourtant, malgré les cris de détresse, le silence des autorités reste assourdissant. Pire encore, l’impunité est la norme. Comme si, en Côte d’Ivoire, tuer une femme n’était finalement qu’un désagrément dans la vie quotidienne. Vous êtes choqué ? Nous aussi.

Des chiffres qui donnent la nausée

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Rien qu’en 2020, Abidjan a vu 416 femmes perdre la vie dans des conditions atroces, victimes de féminicides. Et chaque année, la liste des victimes s’allonge. Un exemple parmi tant d’autres : le 11 septembre 2024, le corps sans vie d’une jeune femme de 19 ans est retrouvé dans une résidence meublée à Cocody, un quartier huppé de la ville. Son assassin présumé, un homme avec qui elle entretenait une relation, a vite confessé avoir tué la jeune fille parce qu’elle lui aurait volé 500 000 FCFA. Oui, 500 000 FCFA, soit l’équivalent d’un peu moins de 760 euros. Une vie détruite pour un montant dérisoire.

Et ce cas n’est que l’un parmi tant d’autres. Le 10 avril 2024, un militaire en poste a abattu sa femme avant de retourner son arme contre lui, non sans avoir causé un émoi national. La veille, dans la ville de Maféré, une femme mariée a été égorgée par son propre époux, qui a pris la fuite avant d’être capturé au Ghana deux jours plus tard.

Un fléau enraciné dans l’impunité

Pourquoi ces crimes atroces se poursuivent-ils avec une régularité inquiétante ? La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes met en cause la culture d’impunité qui gangrène la justice ivoirienne. Malgré les lois en place, les procédures sont lentes, voire inexistantes. Les condamnations sont rares, et les auteurs de ces crimes sont souvent protégés par une société où la domination masculine est omniprésente. Ce que vous devez comprendre, c'est que dans bien des cas, la justice s’applique à vitesse d'escargot, quand elle daigne s’appliquer.

Et puis, il y a les attitudes dévastatrices envers les victimes. En Côte d’Ivoire, les violences basées sur le genre sont devenues si fréquentes qu’elles ne choquent plus grand monde. C’est triste à dire, mais les féminicides, loin d’être des événements isolés, ne sont que l’expression ultime d’un système de violences structurelles contre les femmes. Derrière chaque féminicide, il y a souvent des années de violences domestiques, de coups, d’humiliations et de terreur silencieuse.

Des victimes emprisonnées dans leur propre foyer

Prenons le cas de Virginie (nom d'emprunt), une survivante de violences conjugales. Après dix-sept ans d'enfer, elle a finalement trouvé refuge au centre Akwaba Mousso, un havre de paix pour les femmes et enfants victimes de violences. Vous vous imaginez un foyer chaleureux ? Pas vraiment. Ce centre est plus un hôpital de campagne émotionnel qu'un nid douillet. Virginie y raconte son calvaire : des violences physiques et psychologiques, un contrôle financier absolu de son mari et une surveillance constante. « Je n’avais pas le droit de voir ma famille, ni de choisir mes amis. Il décidait de tout. »

Pour des centaines de femmes comme Virginie, la vie conjugale ressemble plus à une longue agonie qu’à un conte de fées. Le centre Akwaba Mousso a accueilli 177 femmes et mineures en un an. Un chiffre qui donne une idée de l’étendue du fléau. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ces femmes ne sont que la pointe visible d’un iceberg bien plus imposant.

Les féminicides, le point culminant d’un système violent

La sociologue Dr Annick Gnazalé, de l’Université Alassane Ouattara, met en lumière une réalité dérangeante. Pour elle, les féminicides ne sont que l’ultime expression d’une violence systémique dirigée contre les femmes. Et ce n’est pas qu’en Côte d’Ivoire, la situation est la même dans la plupart des sociétés patriarcales. Le changement social fait peur, surtout quand il remet en question les privilèges masculins. « Les femmes n'acceptent plus d'être des victimes passives. Elles revendiquent leur liberté, et cela provoque parfois des réactions violentes, pouvant aboutir à des féminicides », explique-t-elle. Quand une femme se lève pour affirmer son indépendance, elle s’expose au pire.

L’ONG CPDEFM, qui œuvre pour la défense des droits des femmes, a compilé des données effrayantes. Rien qu’à Abidjan, 416 féminicides ont été recensés en 2020, et ce chiffre ne semble pas près de baisser. Derrière chaque victime, se cache une histoire de violence extrême, souvent précédée de harcèlement, de coups, de menaces. En somme, la mort est la fin logique d’un long processus de brutalité quotidienne.

Que fait le gouvernement ?

Bonne question. La Côte d’Ivoire a beau avoir des lois contre les violences basées sur le genre, leur application laisse à désirer. Vous pouvez avoir la meilleure loi du monde, si personne ne la respecte, c’est comme s'il n’y en avait pas. Le vrai problème, c’est l’impunité. Les coupables de féminicides sont rarement punis, et quand ils le sont, c’est souvent avec des peines légères. Quant aux survivantes, elles se retrouvent seules, face à une société qui leur fait porter une partie de la responsabilité.

La LIDF réclame la reconnaissance légale du féminicide et l’adoption de lois spécifiques pour protéger les femmes. Mais cela ne suffit pas. Il faut une refonte totale du système de justice, et surtout, un changement des mentalités. Les hommes doivent être éduqués, dès le plus jeune âge, à respecter les femmes. Sinon, la vague de féminicides continuera à déferler.

Conclusion : Un combat loin d’être gagné

Il est grand temps d’agir. Chaque jour où rien n’est fait, c’est une femme de plus qui risque de perdre la vie. En Côte d'Ivoire, les féminicides sont un symptôme d'une société malade, gangrénée par le patriarcat et la violence. Si les autorités continuent de fermer les yeux, le sang continuera de couler. Le vrai défi est de briser ce cycle infernal, de mettre fin à l’impunité et de redonner aux femmes la place qu’elles méritent : celle de vivre, tout simplement.

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