
L’Afrique face à son trésor caché de 4 000 milliards $
Selon l’Africa Finance Corporation (AFC), l’Afrique dispose d’un magot mal exploité : près de 4 000 milliards de dollars d’autofinancement interne. Un trésor ignoré, prisonnier de régulations étouffantes, de marchés financiers juxtaposés et d’une gouvernance financière timorée. Cet article explore ce pot coincé, pointe les responsabilités et exige des réformes radicales.
Un gisement colossal… qui dort
L’Africa Finance Corporation estime que le continent dispose d’un « potentiel d’autofinancement inexploité » de près de 4 000 milliards de dollars. Cette manne provient essentiellement d’actifs détenus par : les banques commerciales africaines (environ 2 500 milliards $), les fonds de pension et de retraite (455 milliards $), les compagnies d’assurance (320 milliards $), les banques publiques de développement et fonds souverains (environ 400 milliards $), les réserves de change des États (473 milliards $).
Ces sommes existent bel et bien. Mais elles dorment, confisquées dans des placements à courte échéance et hors du continent, faute de véhicules financiers adaptés à long terme.
Pourquoi ce gâchis ?
Régulations trop restrictives
Les investisseurs institutionnels africains, souvent contraints de privilégier la sécurité à court terme, consacrent à peine une fraction de leurs actifs à des projets réels, en raison de réglementations trop rigides et d’insuffisances en termes d’instruments adaptés.
L’Afrique dispose d’un potentiel d’autofinancement inexploité de 4000 milliards $ selon l’AFC https://t.co/H4byhMFng1 pic.twitter.com/iOVl4WauGx
— Agence Ecofin (@agenceecofin) June 28, 2025
Fragmentation des marchés
Les banques de développement et fonds souverains pâtissent d’une définition floue de leur mandat et d’un manque de coordination, limitant l’impact de leurs financements.
Le syndrome du risque perçu
La peur excessive du risque et l’aversion au défaut freinent l’allocation vers les infrastructures, projetant une ombre sur des initiatives pourtant stratégiques pour la transformation du continent.
La promesse d’une révolution infrastructurelle
Mobiliser ces 4 000 milliards de dollars permettrait de financer routes, réseaux énergétiques, numérique et industrialisation durable. L’AFC appelle à des marchés financiers africains plus solides, plus intégrés, capables d’attirer les épargnants locaux et la diaspora. L’idée : créer des véhicules d’investissement spécialisés, capables de capter l’épargne longue et de la canaliser vers les grands projets.
Cette mutation passe par des réformes radicales :
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harmoniser les régulations nationales pour faciliter les investissements transfrontaliers ;
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renforcer les institutions boursières locales et favoriser la cotation transnationale (initiatives ASEA, AELP) ;
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assouplir les contraintes sur les fonds de pension et les assureurs ;
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inciter à la formalisation économique, notamment via l’inclusion financière (80 % de l’emploi africain est informel).
Le saut qualitatif est possible… mais pas inéluctable
Le diagnostic posé par l’AFC est clair : le continent a les moyens de financer son propre destin. Reste à transformer la matière première financière en impulsion économique. Il faut un choc de gouvernance et de volonté politique. Sans cela, l’Afrique continuera de pêcher en eau trouble, dépendante de la dette extérieure et de bailleurs multilatéraux.
L’alternative est limpide : un écosystème financier africain intégré, dynamique, capable d’investir dans son avenir. Autrement, les 4 000 milliards resteront un mirage, et l’Afrique un continent de promesses inassouvies.
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