Article: Opinion internationale : Gaza mobilise, le Congo agonise

Opinion internationale : Gaza mobilise, le Congo agonise
Un continent meurtri dans l’ombre
L’Afrique connaît depuis trop longtemps des tragédies tues. Alors que les écrans et les manifestations occidentales s’emplissent du slogan « Israël commet un génocide à Gaza », l’est de la République Démocratique du Congo continue de s’enfoncer dans un conflit qui a déjà coûté la vie à plus de six millions de personnes depuis le début du siècle. Six millions de vies brisées, cent fois plus que le bilan palestinien, et pourtant l’indifférence domine.
Pas une rivalité des douleurs
Les Congolais ne demandent pas que l’on hiérarchise les souffrances. Chaque peuple frappé par la guerre mérite justice et compassion. Mais il est légitime de s’interroger : pourquoi la douleur palestinienne mobilise-t-elle foules, chancelleries et réseaux sociaux, alors que le sang congolais, lui, coule dans un silence quasi total ?
Kagame, l’homme clé derrière le chaos
Au cœur de ce drame, un nom revient toujours : Paul Kagame. Depuis plus de 20 ans, le président du Rwanda est accusé par de nombreux observateurs d’alimenter le chaos à l’est de la RDC. Ses soutiens présumés aux rebelles du M23, régulièrement dénoncés par l’ONU, visent à garder la main sur les ressources minières du Kivu. Officiellement, Kigali nie. Mais les faits accumulés laissent peu de doute : Kagame tire profit d’un conflit qui martyrise des millions de civils.
Ce n’est pas un hasard si certains le surnomment désormais le « Netanyahu rwandais » : un chef autoritaire, en place depuis des décennies, qui se présente comme protecteur de son peuple mais dont les actions extérieures déclenchent indignation et accusations de crimes massifs.
L’ombre israélienne
La comparaison ne s’arrête pas là. Dans les cercles critiques, on évoque souvent « l’ombre israélienne derrière Kagame ». Les relations entre Kigali et Tel-Aviv sont solides : visites officielles, partenariats agricoles et technologiques, liens diplomatiques resserrés. Kagame admire d’ailleurs la manière dont Israël a transformé la mémoire de la Shoah en puissance politique, et comment Netanyahu parvient à imposer ses priorités sécuritaires à la communauté internationale.
De là à penser qu’il s’en inspire pour sa propre stratégie en RDC, il n’y a qu’un pas. Certains analystes soupçonnent même une aide concrète : formation sécuritaire, technologies de surveillance, voire soutien diplomatique discret. Faute de preuves directes, cela reste au niveau de l’extrapolation, mais la similitude est frappante : deux États petits par la taille, mais qui s’appuient sur une mémoire victimaire et un récit de légitimité pour justifier des interventions contestées.
Les Congolais prennent la parole
Devant le mutisme des chancelleries, la jeunesse congolaise fait entendre sa voix. Sur X, on lit de plus en plus souvent : « Le Rwanda commet un génocide au Congo ». Des messages viraux, répétés des milliers de fois, cherchent à secouer les consciences. Ces voix rappellent qu’au Kivu, on tue, on viole, on déplace par centaines de milliers — et que le monde détourne le regard.
L’absence coupable de la communauté internationale
Les crimes de guerre sont documentés par l’ONU, les millions de morts sont établis, les déplacés se comptent par centaines de milliers. Pourtant, aucune mobilisation mondiale comparable à celle qui existe pour Gaza. Ni sanctions fortes, ni tribunal international, ni marches massives pour le Congo. Kinshasa reste seule, abandonnée à une guerre qui engloutit son peuple.
Pourquoi ce silence ? L’opportunisme électoral
Une explication revient souvent : l’opportunisme politique. En Europe occidentale, la cause palestinienne est devenue un marqueur idéologique fort, surtout à gauche, car elle résonne directement avec l’électorat musulman. La France compte 7 à 8 millions de musulmans, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni plusieurs millions chacun. S’afficher pro-Palestine, c’est défendre une cause morale mais aussi électoralement rentable.
Le Congo, lui, n’a pas cette caisse de résonance. Hormis sa diaspora, aucune communauté nombreuse n’en a fait son drapeau. Pas de solidarité africaine structurée, pas de lobby puissant, pas d’impact électoral direct. Résultat : un conflit bien plus meurtrier reste à la marge du débat public en Europe.
Le devoir de mémoire et de justice
Voir Gaza ne doit pas faire oublier le Congo. Les deux peuples souffrent, et aucun ne mérite l’oubli. L’Afrique rappelle une évidence : chaque vie compte. Après plus de vingt ans de massacres, le silence autour de la RDC est devenu une injustice insupportable. Le temps est venu de dénoncer, de nommer les responsables, et d’exiger que le monde regarde enfin vers le Kivu.
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.