Kenya : Le vice-président destitué Gachagua accuse des tentatives d’assassinat et critique férocement Ruto
La politique kenyane traverse une période de tensions dramatiques après la destitution de Rigathi Gachagua de son poste de vice-président. L’ancien numéro deux n’a pas mâché ses mots, accusant son ex-allié, le président William Ruto, de viser sa vie. Selon Gachagua, ces menaces seraient le résultat d'une guerre politique qui a pris un tournant personnel, menaçant sa sécurité et celle de ses proches. Mais au-delà de ces accusations, c’est l’état de la démocratie kenyane qui semble plus fragile que jamais.
Gachagua : de vice-président à cible politique
Rigathi Gachagua a toujours été un homme de pouvoir au Kenya, proche de William Ruto durant la dernière élection présidentielle. Mais depuis sa destitution, Gachagua affirme être devenu une cible. Lors d’une intervention médiatique particulièrement virulente, il a évoqué des tentatives d'assassinat orchestrées par des acteurs politiques proches du président Ruto, qu’il qualifie désormais de "vicious" (violent). Cette détérioration de leurs relations personnelles et professionnelles est révélatrice de la profondeur des luttes de pouvoir au sein du gouvernement kenyan.
L'ancien vice-président a confié qu’il avait récemment renforcé sa sécurité personnelle après avoir reçu des menaces crédibles. La nature de ces tentatives n’a pas été précisée, mais elles sont symptomatiques d’une rivalité politique devenue incontrôlable. Selon lui, les manœuvres pour éliminer des opposants par la force ne sont pas nouvelles au Kenya, mais cette fois, il se trouve en première ligne.
Les racines de la discorde
Le fossé entre Ruto et Gachagua ne s'est pas creusé du jour au lendemain. La relation entre les deux hommes s’est détériorée progressivement depuis l’élection présidentielle. Gachagua, qui s’était initialement aligné derrière Ruto, a exprimé des désaccords sur la gestion de certaines réformes économiques et de sécurité intérieure. Toutefois, c’est son opposition à la stratégie politique de Ruto qui a marqué le début de leur rupture. Le président l’a finalement destitué, une décision qui a exacerbé la crise politique.
L’un des points de rupture majeurs entre les deux anciens alliés concerne la gestion du gouvernement. Gachagua accuse Ruto d’avoir abandonné ses promesses de campagne, de se montrer autoritaire et de manipuler les institutions pour consolider son pouvoir. Ces allégations trouvent un écho dans la population, de plus en plus critique envers le gouvernement de Ruto.
Un climat politique en ébullition
Au-delà de la querelle entre Gachagua et Ruto, cette crise reflète un malaise politique plus large au Kenya. Le pays, autrefois perçu comme un pilier de stabilité en Afrique de l'Est, voit sa scène politique se fragmenter dangereusement. Plusieurs analystes estiment que la destitution de Gachagua et les accusations portées contre le président pourraient enflammer davantage la situation.
Les appels à la réforme et à la lutte contre la corruption, qui étaient au cœur de la campagne de Ruto, semblent aujourd’hui loin derrière. L’influence grandissante d’une politique de représailles et de personnalisation du pouvoir plonge le pays dans une incertitude grandissante. Gachagua, bien que contesté, reste une figure influente au Kenya, et ses accusations ne feront qu'ajouter à l'instabilité qui guette le pays.
Vers une résolution ou une escalade ?
La crise actuelle ne semble pas avoir de fin claire en vue. Gachagua, malgré sa destitution, conserve de nombreux soutiens, tant dans les cercles politiques que parmi une frange de la population. Il est possible que ses accusations forcent le gouvernement de Ruto à adopter une position plus défensive, voire à proposer une enquête. Mais dans un environnement où les dissensions internes s’amplifient, il est tout aussi probable que cette situation se transforme en une confrontation politique directe, voire violente.
Le Kenya est à un carrefour politique décisif. La question n’est plus seulement de savoir si Gachagua sera réhabilité, mais si la démocratie kenyane peut survivre à ce genre de querelles de palais sans sombrer dans une spirale de violence et d’instabilité institutionnelle.
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