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Article: RDC : Félix Tshisekedi, une révision constitutionnelle qui sème le débat

RDC : Félix Tshisekedi, une révision constitutionnelle qui sème le débat
Félix Tshisekedi

RDC : Félix Tshisekedi, une révision constitutionnelle qui sème le débat

Kisangani – Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC), une ville au cœur de la Tshopo, a été le théâtre d'une annonce politique d’envergure ce 23 octobre 2024. Devant une foule compacte à la place de la Poste, Félix Tshisekedi, président réélu en décembre 2023, a déclaré vouloir engager une révision de la Constitution, affirmant que celle-ci « a été mal rédigée ». Une déclaration qui, sans surprise, suscite déjà un vif débat à travers le pays, notamment en raison des implications potentielles pour la durée des mandats présidentiels.

Une Constitution sous le feu des critiques

En pleine tournée dans cette région de la RDC, Félix Tshisekedi a saisi l’occasion de son discours pour aborder plusieurs thématiques brûlantes : la sécurité, le développement économique, mais surtout la réforme constitutionnelle. Selon lui, la loi fondamentale adoptée en 2006 comporte de nombreuses lacunes, justifiant une révision en profondeur, y compris des dispositions relatives à la limitation des mandats présidentiels.

Actuellement, la Constitution stipule que le chef de l'État ne peut exercer que deux mandats. Réélu pour ce qui est censé être son dernier mandat, Tshisekedi ne mâche pas ses mots lorsqu'il critique la genèse de ce texte : « Cette Constitution a été rédigée dans un pays étranger. Elle n’est pas adaptée à nos réalités, et plusieurs de ses articles doivent être modifiés ». Un propos qui semble vouloir rassurer, car selon lui, ce n'est pas au président seul de décider de la durée des mandats, mais au peuple congolais de prendre cette décision par voie référendaire.

Le chantier de 2025 : vers une nouvelle Constitution ?

L’annonce phare de ce meeting réside dans la mise en place prochaine, dès 2025, d’un processus de rédaction d’une nouvelle Constitution. Félix Tshisekedi a promis la création d'une commission composée de représentants de tous horizons de la société congolaise. L’objectif affiché : doter la RDC d’un cadre constitutionnel plus en phase avec les réalités du pays et éviter les blocages institutionnels actuels.

« Dès l'année prochaine, une commission sera désignée pour rédiger une nouvelle Constitution qui ne handicapera plus le fonctionnement du pays », a-t-il assuré devant la population de Kisangani, laissant entrevoir une année charnière dans la vie politique congolaise. Cette réforme se veut ambitieuse, mais elle ouvre également la porte à des inquiétudes, notamment du côté de l’opposition qui voit dans ce processus une tentative voilée de prolonger le règne de Tshisekedi.

Des opposants en alerte : menace ou opportunité ?

Si les intentions du président sont, selon lui, d'adapter le texte aux « réalités congolaises », l’opposition politique reste sceptique. Elle craint que cette révision ne serve à légitimer un prolongement de son pouvoir au-delà de la durée constitutionnelle prévue. Déjà, plusieurs figures de l'opposition expriment leur désaccord, anticipant une bataille politique intense dans les mois à venir. Cependant, Tshisekedi se veut ferme et met en garde contre toute tentative de déstabilisation : « Ceux qui voudront profiter de cette annonce pour déstabiliser le pays n’y arriveront pas ».

La révision de la Constitution soulève ainsi un dilemme important : alors que certains saluent une occasion de moderniser les institutions, d'autres y voient une manœuvre pour renforcer l’emprise du pouvoir actuel. Ce débat ne fait que commencer, et il est clair qu'il jouera un rôle déterminant dans l’avenir politique de la RDC.

Une tension qui monte avant les élections locales

L'annonce de cette révision intervient dans un contexte particulièrement délicat pour la RDC. Le pays doit organiser des élections locales et provinciales dans les prochains mois, des scrutins souvent marqués par de fortes tensions. Dans ce cadre, la perspective d’une révision constitutionnelle pourrait devenir un argument de campagne pour le pouvoir en place, mais également un levier pour l'opposition qui pourrait en faire un point central de ses critiques.

De son côté, Félix Tshisekedi poursuit sa tournée dans le Nord-Est, avec un prochain conseil des ministres prévu à Kisangani. Cette annonce de révision de la Constitution marque un tournant décisif dans son second mandat, et il reste à voir si ce projet pourra réellement se concrétiser dans un pays où les réformes sont souvent lents à aboutir.

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