Rigathi Gachagua destitué : une onde de choc dans la politique kényane
Le 8 octobre 2024, le Parlement kényan a voté pour destituer Rigathi Gachagua, vice-président du Kenya, après une session tendue marquée par des accusations de corruption et d’alignement avec des manifestations antigouvernementales. Sur 326 députés, 281 ont voté pour sa destitution, tandis que 44 s’y sont opposés et un seul s'est abstenu. Cette décision, qui pourrait être confirmée ou rejetée par le Sénat, marque une rupture sans précédent dans l'administration du président William Ruto et soulève des questions sur la stabilité du pouvoir au Kenya.
Les causes de la destitution
Rigathi Gachagua, accusé de corruption et de détournement de fonds publics, a également été mis en cause pour son soutien présumé aux manifestations de juin 2024 contre la politique fiscale du gouvernement. Ces manifestations, qui avaient mobilisé des milliers de citoyens à travers le pays, ciblaient l’augmentation des taxes décidée par le président Ruto, une mesure que Gachagua aurait soutenue en coulisses. Cette position a amplifié les tensions au sein de la coalition au pouvoir, déjà fragilisée par les luttes d’influence internes.
Face au Parlement, Gachagua a nié en bloc les accusations portées contre lui, déclarant qu’elles étaient politiquement motivées et visaient à discréditer son travail en tant que vice-président. Il a défendu son bilan, affirmant que les biens et actifs de sa famille, aujourd’hui sous enquête, étaient le fruit d'un dur labeur et non le produit d’actes de corruption.
Le Sénat en arbitre
Avec ce vote historique, la balle est désormais dans le camp du Sénat, qui doit se prononcer sur la confirmation de la destitution. Si le Sénat valide cette décision, Gachagua deviendrait le premier vice-président à être destitué sous la constitution actuelle, adoptée en 2010. Cela pourrait aussi ouvrir une crise politique majeure au sein du gouvernement Ruto, d'autant plus que Gachagua jouissait du soutien d’une partie de la population et de certains membres influents du gouvernement.
Le président Ruto, qui est resté discret tout au long de la procédure de destitution, fait face à un dilemme politique délicat. Alors qu’il a promis de ne pas « humilier » publiquement son adjoint, l’éviction de Gachagua pourrait redéfinir l’équilibre des forces au sein de son administration et éroder la confiance de ses alliés politiques.
Les conséquences pour le Kenya
La destitution de Gachagua n’est pas seulement un coup dur pour le vice-président, mais elle jette également une lumière crue sur les divisions au sein du pouvoir kényan. Le pays, déjà aux prises avec des défis économiques importants comme l'inflation et la crise de l'emploi, pourrait voir sa stabilité politique encore plus fragilisée. De plus, ce bras de fer politique exacerbe les tensions ethniques et régionales, Gachagua étant un représentant influent de la communauté kikuyu, l’une des plus puissantes du pays.
Le résultat final de cette affaire, qui dépend désormais du Sénat, aura des répercussions majeures sur la politique kenyane dans les mois à venir.
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