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Article: Sommet onusien à Addis‑Abeba : ville en effervescence

Sommet onusien à Addis‑Abeba : ville en effervescence
Addis‑Abeba

Sommet onusien à Addis‑Abeba : ville en effervescence

Du 27 au 29 juillet 2025, Addis‑Abeba accueille le deuxième bilan du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires. C’est une occasion rarissime : quatre ans après Rome 2021, le monde se retrouve pour jauger l’avancée des politiques, pousser les engagements financiers et politiser la faim comme enjeu global de souveraineté, justice sociale et climat.

Une inauguration sous haute tension politique

La cérémonie d’ouverture, lundi 28 juillet, était marquée par la présence d’une pléiade de figures clés : le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, la vice‑secrétaire générale des Nations unies Amina Mohammed, le directeur général de la FAO Qu Dongyu, le président du FIDA Alvaro Lario, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président du Kenya William Ruto, ainsi que d’autres dirigeants africains et des représentants de la société civile et du secteur privé. Ce type de rassemblement de personnalités renforce l’idée que l’alimentation n’est pas qu’une question technique, mais un marqueur politique et identitaire, comme l’a rappelé Abiy Ahmed en soulignant que « la nourriture est mémoire, identité, souveraineté nationale et survie ».

Dans son allocution diffusée en messagerie vidéo, le secrétaire général António Guterres a exhorté à transformer les systèmes alimentaires en les rendant plus durables, résilients et accessibles à tous, un discours renforcé par l’objectif d’accélérer les financements et les engagements collectifs.

Progrès mesurés et défis majeurs

Bilan global fragmenté

Quatre ans après le Sommet inaugural de 2021, les États membres utilisent l’événement pour dresser un bilan contrasté. Si des progrès se dégagent dans certaines innovations numériques et des pratiques agricoles climato‑intelligentes, les retards persistent dans l’accès équitable à une alimentation saine, en particulier dans les zones fragiles ou en conflit. Les experts soulignent le fossé entre ambition politique et mise en œuvre concrète : des pays avancent, d’autres pataugent faute de coordination, de financements ou simplement de volonté politique.

Terrain et inspirations locales

La journée d’Action Day du 27 juillet inclut des visites de terrain, notamment au centre agricole de Melkassa. Là, des initiatives locales ont été mises en lumière : recherche agronomique, transformation alimentaire par des entreprises comme Dina, où se mêlent sciences et traditions paysannes pour créer des modèles exportables en Afrique subsaharienne. Des voix comme celle de Negasa Deressa, directeur du site de Melkassa, insistent sur une coopération cohérente et centrée sur les savoirs autochtones alliés aux technologies modernes.

Vers un récit renouvelé de la souveraineté alimentaire

Retours d'expérience et dialogues à haut niveau

La plateforme du sommet a mis en place un système hybride : plénières de haut niveau, tables rondes ministérielles, panels d’experts, sessions de financement, présentation de projets d’ONG et de PME. L’idée : créer des récits partagés, des récits où les politiques publiques, le privé et la société civile convergent.

Les discussions se sont nourries d’un principe clair : atteindre les ODD d’ici 2030 exige une transformation des systèmes alimentaires à chaque échelle nationale, régionale, locale. Les financements publics et privés, les investissements dans l’agriculture durable, et la montée en puissance des jeunes et des savoirs autochtones font partie des accélérateurs mis sur la table.

Visiblement, le sommet, loin d’être consensuel, a introduit des tensions : transformation versus sécurité alimentaire immédiate, innovation technologique versus traditions paysannes, lobbyisme du secteur privé versus régulation sociale ... L’ouverture a donné le ton : un noeud politique plus qu’un simple forum technique. Et déjà, on murmure des critiques sur une insuffisance d’engagement concret des pays riches, ou une timidité des ODD sur la justice structurelle du modèle alimentaire global.

Un récit africain exigeant : entre capacité d’innovation et scepticisme

L’Éthiopie et l’Italie, en tant que co‑organisateurs, entendent faire du Sommet un témoignage de leadership africain. Le continent doit y jouer un rôle moteur, non plus spectateur des policies mondiales. Pourtant, le scepticisme reste : comment transformer les grandes déclarations en politiques nationales et financements locaux ? Comment impliquer les pays aux budgets limités ? Ce deuxième Sommet tente de répondre à ces questions. Le défi est double : fédérer une vision globale et activer des mécanismes réels et localisés.

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