Article: « Je prends mes responsabilités » : Rajoelina limoge tout son gouvernement

« Je prends mes responsabilités » : Rajoelina limoge tout son gouvernement
En une allocution télévisée lundi soir, le président de Madagascar Andry Rajoelina a annoncé la décision choc : renvoyer l’intégralité de son gouvernement. Ce geste a lieu après des jours de manifestations violentes, au cours desquelles l’ONU déplore au moins 22 morts.
Ce remaniement radical est un tournant. Il pourrait marquer la fin d’un cycle ou initier une nouvelle ère de trouble.
Une explosion sociale sous tension
Les manifestations ont commencé autour d’une revendication simple : l’accès à l’eau et à l’électricité, secteur devenu insupportablement instable pour des milliers de Malagasy.
Mais très vite, le mouvement s’est politisé. On ne crie plus seulement « rallumez les lumières », on exige des comptes. On dénonce la corruption, la gestion calamiteuse, le mépris du pouvoir envers les citoyens.
Les jeunes au cœur du mouvement ont puisé leur inspiration dans les soulèvements récents au Kenya et au Népal.
La riposte des forces de l’ordre fut brutale. Gaz lacrymogènes, tirs à balles en caoutchouc. Des quartiers entiers ont vu des pillages et des destructions.
L’ONU parle d’un “usage violent” des forces de sécurité pour une partie des victimes.
Le bilan humain est lourd avec 22 morts, plus de cent blessés, mais la colère populaire est restée intacte.
Le remaniement comme geste de survie politique
Quand on est au bord du précipice, on coupe les branches mortes pour sauver ce qui reste. C’est sans doute ce que Rajoelina a en tête. Son gouvernement était devenu le bouc émissaire.
Dans son allocution, il a reconnu que certains ministres « n’avaient pas rempli leurs missions », qu’il entendait créer un « espace de dialogue » avec les protestataires.
Un nouveau Premier ministre sera choisi dans les jours à venir.
Mais ce balayage à l’aveugle ne suffira pas si l’on ne change pas les fondations. La population réclame le concret.
Rajoelina a aussi dû présenter des excuses, un mot rare dans la politique malgache. Il a dit qu’il entendait « corriger les erreurs ».
Fragile équilibre entre cris et pouvoir
Ce renvoi complet du gouvernement est un pari risqué. Tant que le peuple ne voit pas de résultats (meilleure distribution d’électricité, services publics réparés, lutte effective contre la corruption) le calme pourrait rester illusoire.
Si la nouvelle équipe reste une simple peau de chagrin sans réelle rupture, le mouvement social reprendra.
Mais Rajoelina n’avait peut-être pas d’autre choix. La contestation est la plus grave qu’il ait affrontée depuis sa réélection.
Il lui faut maintenant prouver qu’il ne s’agit pas seulement d’un jeu de chaises ministérielles, mais d’une remise à plat profonde.
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